mercredi 7 septembre 2011

Mélodie en sous-sol: mes fils

Picture of Francoise Nielly - Painting of two young men's faces.

Tous les jours à 14:40 je glisse ma carte dans le lecteur électronique au deuxième étage en sous-sol, comme si je pointais au boulot. Je retrouve des visages connus, bienveillants et même souriants. On s'habitue à tout, en tout cas moi je m'habitue à tout. C'est une qualité il me semble... Dans ma famille nous sommes tous comme çà: nous prenons tout avec le sourire et même nous nous arrangeons pour que ce qui était un problème ou obstacle au départ devienne en fin de compte une opportunité, presque une bonne occasion.

Comme je me fais accompagner une fois sur deux à ma radiothérapie, c'est effectivement l'occasion pour moi de bavarder avec mes aimables accompagnateurs qui sont en fait 3 fois sur 4, mes fils. Tous les parents de jeunes adultes savent qu'il n'est pas facile de coincer un jeune homme de 25-27 ans pour une conversation durable, avec un commencement, un développement et même parfois une conclusion.

Les conversations, ça ne se fait plus. Si on veut vous dire quelque chose , on s’envoie un texto ou un petit copier-coller sous forme d'article, photo ou video sur facebook – ce qui équivaut a dire qu'on ne se dit rien du tout, on se contente de bailler dans la direction de l'autre et réciproquement. A vrai dire mes fils ne sont pas très facebook et c'est peut-être cela qui me sauve d'éventuels dialogues hermétiques ponctués par des coups de fil sur les portables. Ils savent mener une conversation, ils savent écouter aussi.

Ainsi j'accumule avec eux des heures de conversations qui je le sais sont précieuses. Ces tête à têtes me construisent en tant que mère et puis ils m’émerveillent aussi comme si au delà des rayons radioactifs, j’étais marquée par ces mots échangés, ces paroles écoutées de part et d'autre.

A vrai dire, je me sens beaucoup mieux qu'avant, avant les 4 semaines de traitement. Ce n'est pas normal, je sais, car un des effets secondaires des rayons c'est justement la fatigue et avec ma fibromyalgie on peut dire que la fatigue ca me connait!  Curieusement mon fils ainé hier me dit à ce sujet " écoute apres tout, ca te fait prendre l'air cette histoire, tu vas à Tel-Aviv tous les jours, tu vois des gens, tu te promenes ...". Peut-etre que mon fils aussi a choppé le virus familial " je prends un desastre et le tranforme en coup de chance". Je le regarde un instant pour voir si ce n'etait pas une boutade .... et bien non, pas du tout.



Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2007-2011