lundi 28 avril 2008

Bratislava - suite

Martin parle bien l'anglais. Il est toujours enjoué. Il sait parler de tout: c'est un diplomate né: je devrais le recommander à un de mes proches qui est dans le business. Il a l'air d'un jeune homme tout simple, qui ne casse rien, mais avant que vous en soyez consciente, il vous a manipulée. Mais on ne dit pas manipuler, ce n'est pas gentil. Il vous a ensorcelée.

Cet été Martin revient pour participer à un congrès de jeunes diplomates en Israel. Chaque pays avec une communauté juive a choisi un représentant. Et c'est Martin, avec sa chemise de tricot jaune et ses shorts verts turquoise qui a été choisi par la Slovaquie.

Je l'aime bien Martin. Il a exactement l'âge de mon fils le prince ottoman. D'ailleurs tous deux sont un peu sortis en ville et on beaucoup bavardé sur le balcon pendant que le prince ottoman jouait de la guitare tout en fumant ses Camels.
Martin ce n'est pas le genre à fumer, boire ou à tirer sur un joint. Sa mère a du le trouver dans une pochette surprise qui datait des années 50.

La maman de Martin: elle est prof de slovaque. Elle a grandi dans le palace presidentiel de Brastilava car son papa en était l'administrateur. En plus du slovaque elle parle couramment le hongrois, le russe et l'allemand. Le russe pour moi, niet, ya nieznayou. Le hongrois? Oui je veux bien avec Ralph Fienes en bonus avec la même tête d'amoureux transi qu'il trimbale dans "The English Patient". L'allemand? Voyons voyons ... l'allemand ... Et bien oui, y'a pas le choix: je lui parle en allemand. Au début c'est comique car j'ai tout oublié. Et puis ensuite je commence à me souvenir des mots, des verbes, c'est fabuleux.

Quand Martin et Eva sont repartis après un séjour d'une semaine chez nous, Martin avait les joues pas rasées et cela grattait. J'avais le coeur qui partait en mille morceaux. J'ai embrassé Eva bien fort. Je lui ai promis que nous viendrons à Brastislava dès que possible. Le taxi a démarré et puis je me suis mise à pleurer. Les larmes c'est fait pour dire qu'on aime, mais dans un langage secret dont tout le monde maitrise la grammaire et le vocabulaire.

Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2008

mercredi 23 avril 2008

Ma complice

Je me souviens de ses premiers sourires et de ses premiers pas. Non pas que j'aie été sa mère, ni même sa soeur. Je la regardais grandir de derrière mes affreuses lunettes qui justement venaient de me tomber sur le nez. J'étais juste moi, personne en particulier ... et j'attendais.

Je la regardais et je savais qu'elle était quelqu'un d'important et qu'il allait se passer quelque chose ... Mais quoi? Alors j'attendais.

Elle était nerveuse, pas toujours prévisible, vivace comme le feu. Il y avait quelque chose dans son regard qui parlait. Je n'étais pas sure de comprendre. C'était un regard qui voulait s'éloigner pour s'affirmer, qui demandait à aller quelque part ... Mais ou? Alors j'attendais.

Plus elle grandissait et plus elle était belle. Un jour, elle avait 14 ans, elle est venir me voir au kibboutz et ce jour-la j'ai lu dans ses pensées et elle dans les miennes. C'était la première fois. Nous nous sommes tues. C'était peut-etre un secret ... nous n'en étions pas sures.

Plus tard elle était femme et moi aussi. Je n'avais plus rien à lui apprendre, seulement à partager. Les années étaient passées.

Je ne dirai pas que je l'aime comme ma soeur. A force d'aimer ses soeurs comme des mères et ses nièces comme des soeurs on ne s'y retrouve plus ...

Je l'aime parce qu'elle est un peu nerveuse, pas toujours prévisible, vivace comme le feu. Je l'aime parce qu'il y a en permanence quelque chose dans son regard qui parle. Je l'aime parce qu'elle veut toujours s'éloigner et toujours aussi s'approcher. Je l'aime parce qu'elle veut aller quelque part ... Mais ou? ... Alors j'attends.


Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2007

vendredi 18 avril 2008

Bratislava aller-retour

Il y a de cela trois ans, mon mari et moi avions passé les fêtes de Pessah avec la communauté juive de Bratislava et en particulier avec
le rabbin Myers, le grand rabbin de Slovaquie, un américain Habad du New-Jersey, installé avec sa famille à Bratislava depuis 1993. Au cours des nombreux repas que nous avions partagés avec eux le long de la fête, nous nous sommes tout naturellement liés à cette famille et ses 10 enfants qui parlent tous 4 langues couramment.

Le 1er mai de cette année-là, la Slovaquie fêtait une année dans la communauté européenne. A cette occasion le palace présidentiel à Bratislava était ouvert au public et une géante garden party organisée dans ses jardins. C'est en parcourant les stands des divers pays de l'union europeenne que nous nous sommes retrouvés nez à nez avec Martin, un jeune homme de 18 ans rencontré à plusieurs reprises à la synagoque et chez le rabbin Myers.

Martin qui parlait bien l'anglais nous avait fait part de ses projets d'études en médecine et avait partagé avec nous ses sentiments concernant la communauté et l'identité juive. Martin était toujours flanqué d'un acolyte au cheveux longs et de nature timide nommé Markus. Tous deux étaient les uniques représentants des lycéens juifs bratislaviens à la synagogue et à la table du rabbin. C'est ainsi que dans les jardins de la maison présidentielle, Martin, qui était accompagné de sa mère, nous dit:

- Ma mère est très émue aujourd'hui, elle a grandi ici ...
- A Bratislava?
- Non, ici.
- Ou ça ici?
- Mais ici ... Pour nous c'est juste le palace présidentiel, mais pour elle, c'est la maison ou elle a grandi.

En effet, Madame Z., fille d'une ancienne personnalité politique, était née et avait grandi durant l'époque soviétique dans l'aile gauche du bâtiment présidentiel qu'elle nous désigna avec émotion.

A l'ère de l'internet, Martin et d'autres jeunes personnes rencontrées à Bratislava, nous avaient promis de garder le contact. Promesses seulement?

Pendant que je frappe ces mots sur le clavier mes invités pour le soir du seder sont dans l'avion, et d'ici peu atterriront à Ben Gurion. Une quinzaine de minutes et hop, ils seront à ma porte. Martin et sa mère vont rester chez nous pendant une semaine. J'espère que Madame Z. ne sera pas déçue quand elle verra la petite chambre que je lui propose ... Alors je lui dirai:

- Ce n'est pas vraiment un palace mais ... c'est la terre d'Israel.

Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2007

mardi 15 avril 2008

Marcher son chemin

J'ai ce rêve qui revient: je m'endors sur son cercueil.
Je suis calme et je dors d'un sommeil profond.

Non, je ne fais pas mon deuil,
Au contraire c'est lui qui me fait.
Au contraire c'est moi dont les os ont blanchis tandis que sa chevelure reste luisante comme la nuit.


C'est insultant pour elle à vrai dire et ridicule pour moi.

Mais, juste au moment ou je me sens consumée, lavée, séchée,
Juste à ce moment là il survient: l'éblouissement.
Un visage, un désir, une caresse, le contour d'une hanche,
La main d'une amie qui se tend et son sourire ...

Tout cela, d'un seul coup, se construit en moi et adhère à ma peau.
J'ai une peau; elle désigne ma séparation des autres individus.
Je me réveille ... "Ah" me dis-je,
"Les morts et les vivants ne marchent pas ensemble,
Pas toujours".
Comme la nuit et le jour ils sont de faux amis, jamais enlacés
Mais à employer toujours un ton de camaraderie, de connivence.

Je t'aime ma grande soeur, ma petite mère,
Parfois, sans avertissement, je me dis à moi-même:
"Je vais le raconter à Mali, elle saura me dire quoi faire",
Et comme une imbécile
Je reste là debout et je me souviens que
Tu es morte
Et moi je suis vivante; j'ai ma route à suivre.

Tu me le permets n'est-ce pas?
Il n'est jamais trop tard pour marcher son chemin,
En regardant en avant, en regardant en arrière,
En regardant ses pieds, en regardant son coeur,
En tournant son visage vers la lumière.

Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2007

samedi 12 avril 2008

Dernier mot

Mon abonnement arrive a son terme et je ne le renouvelle pas. Je n'ai pas trouvé sur la plateforme de Hautefort ce que je cherchais.

Tout en vrac: je n'ai plus d'inspiration. Je suis fatiguée. J'ai des problèmes médicaux qui ne mettent pas ma vie en danger mais qui me créent des problèmes d'organisation, de concentration. J'ai aussi parfois des douleurs physiques très importantes.

Hautefort ne me plaît pas. Je ne sais même pas trop pourquoi. Comme c'est payant je ne vois pas pourquoi je m'acharnerais.

Les autres blogs; je n'arrive plus a les lire. Le temps, l'energie, me manquent.

J'ai deux petits enfants depuis l'été dernier. Une fille et un garçon. Cela explique peut-être mon moindre investissement dans les blogs.

Je me souviens: quand ma fille aînée est née il y a de cela 25 ans, moi qui était une dévoreuse de bouquins, j'ai soudain arrêté de lire. Depuis je lis très rarement des romans. Cela a été drastique.

Je vous aime: vous êtes des gens biens. On se reverra. mon email est d_n_a@zahav.net.il.

Mon nouveau blog sera donc sur blogspot que je préfère: Il s'intitule "la fin de la poésie" http://fin-poesie.blogspot.com

Au revoir, Nathalie

Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2008