samedi 4 octobre 2008

Les villes

Châteauroux d'abord: au premier abord, à tribord, par dessus bord, de tous les bords, je t'abhorre, non ce n'est pas vrai , je t'adore. Tu m'as tout donné de mon enfance et mon adolescence. Tu m'as tout livré des sursauts et des folies de la vie, toi qui n'est pas une ville de lumière, pas une capitale, même pas belle disait Jean Giraudoux cet ingrat, mais tu es la ville ou je suis née et tu m'as crée bien de la joie et les larmes n'étaient pas si acides que cela. C'était de belles larmes pour une belle vie. Tu me pardonneras de t'avoir quittée pour me bâtir ailleurs.

Paris: tu es ma banlieue, tu es mon jardin, ma randonnée. Tu es toujours disponible, toujours ouverte et accueillante. Tu m'aimes depuis toujours, c'est un point entendu entre nous-deux. J'aime descendre du train à la gare d'Austerlitz ou mon beau-frere vient m'attendre. J'ai dix ans et je voyage seule. J'aime le parc de Vincennes et les tigres du zoo de Vincennes. Plus tard je déambulerai heureuse sur les boulevards entre Bonne Nouvelle et Opéra, perdue sur un nuage adolescent, complètement ivre du temps qui me bouscule. Puis une pause rue Galande, noire, bleue et orange, une pause indélébile, une marque dans les yeux.

Bourges: le car nous bringuebalait vers la grand ville. Oui Bourges c'était la capitale, Paris la préfecture, vous avez tout compris. Dans le car il faisait chaud car c'était toujours le mois d'août. Sur la route, à gauche, il y avait deux maisons avec un toit de chaume. Bourges est tombée dans mon oubli, belle avec sa cathédrale et son palais Jacques-Coeur. Seul le nom d'Alain Meilland reveille le souvenir d'une voix douce et un regard sombre.

Vierzon: il n'y a pas mille versions de Vierzon. Il n'y en a pas cent, ni dix, ni trois. Il y a une seule version de Vierzon, là ou ma vie se casse en deux. Comme un sucre d'orge, comme un roseau, elle se casse, elle s'en va. J'ai presque tout perdu pour un passage dans une ville camion, une ville sans fond, une ville sans pardon. J'ai voulu la traverser et j'y ai laissé ma peau, mes os. De toutes les villes, toi qui m'a laissée pour morte, toi mauvaise mère, traîtresse, c'est toi qui me fait encore rêver.

Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2008

8 commentaires:

Anonyme a dit…

Je connais un peut Châteauroux, Paris, et Vierzon. Je ne me suis jamais essayé à analyser mes sentiments pour chaque ville où j'ai habité plus de 2 ans ou même 20 ans. Je devrai peut-être le faire aussi .

Je ne voyais pas Vierzon ainsi !!!

Bon dimanche.

Anonyme a dit…

Bourges, ma maison à moi.
Peu importe où je pars, j'y reviens...

Muse a dit…

J'ai tant de choses à écrire sur les villes de mon enfance...

Anonyme a dit…

brel l'a chanté,
d'autres l'on peut etre revé ou cauchemardé.
qui sait...........la vie passe.

Anonyme a dit…

Cher passager,

la vie passe sans doute, mais nous restons. la memoire est une maladie incurable.

Nathalie

Anonyme a dit…

j'aime aussi me souvenir.

Anonyme a dit…

La ville-mère, la ville-lumière et la ville-destin celle qui vous laisse brisée et qu'on aime encore.
Quelle jolie leçon de villes! j'aime beaucoup des petits poèmes en prose et ce coeur mis à nu

Fotografa L a dit…

Les villes !!!

FOtografa l
http://fotografa-l.bookspace.fr/