lundi 17 décembre 2007

Le chemin

L'introduction : jeudi soir mon fils me dit: "toi et papa vous avez laissé nos personnalités se développer. Vous ne vous êtes pas imposés et vous nous avez aidés à tracer notre propre chemin d'après notre caractère".

L'endroit : nous sommes tous les deux assis sur un banc, sur une place de Tivon, une petite ville à coté de Haifa. Il est 19.00 heures, Il commence à faire froid. Mon fils, le Prince Ottoman, fils du Grand Guerrier Ottoman, fume des Camels à la chaîne.

Notre propre chemin : le problème avec le chemin, c'est ou il commence? Normalement nos parents, dans le rôle de guides et gardiens placent pour nous les premières dalles de ce chemin. Sinon, comment saurions-nous vers ou nous diriger, ou poser nos pieds?

La Shoah
: j'étais la prunelle des yeux de mes parents, leur joyau, leur trophée, leur emblème de vie - pourtant, niveau réalité, mes parents se souciaient peu de mes allées et venues. Tout m'était permis, ou plutôt rien ne m'était défendu. Dans ma confusion je m'étais moi-même assigné une règle de comportement et une seule interdiction, une de taille : ne jamais attrister mes parents. Ainsi je passais mon enfance et mon adolescence à observer leur visage. Leurs expressions faciales tenaient le double rôle de baromètre et de boussole et m'indiquaient seconde après seconde le chemin à suivre.

Au commencement : au commencement chaque ride autour des yeux de mon père, chaque pli des lèvres de ma mère, était un chemin. Puis, dans un arrachement long et très désagreable, j'ai fait ma vie.

Ma vie : je parle avec mon fils pendant trois heures et demi, chronomètre en main. Nous achetons des cigarettes, nous mangeons un gros falafel pour un euro et demi. Nous attendons quelqu'un, assis dans l'obscurité en face d'une pharmacie. Elle est en retard. Nous parlons de cinéma, notre sujet favori, notre langage commun, notre référence. La fumée de sa cigarette me réchauffe un peu. J'aurais du prendre un anorak et une écharpe.

Le chemin : caminante no hay camino, si no estelas en la mar. Il n'y a pas de chemin mais la trace de nos pas sur le sable. Antonio Muchado.

Cher Antonio : qui a placé le voyageur sur cette plage? Comment est-il arrivé là?


Copyright & copy - Nathalie R. Klein © 2008

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